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Samuel Marin Belfond on the Narrative Abstraction serie
Paris, France - 12/2022
Il y a sur la toile un disque orangé - ou rouge ou cyan - qui n’est peut-être qu’un disque ou
alors le soleil d’un autre système ou alors un électron dont la charge attire à lui d’autres particules en des phénomènes invisibles à l’humain. Autour de ce disque : des lignes, fines, tracées à la règle, des courbes, acryliques, grumeleuses, peintes à main levée. Ces lignes comme ce disque représentent un infiniment grand, ou un infiniment petit, un paysage spatial ou moléculaire, ou rien de tout cela.
L’abstraction des toiles d’Alex Pariss invite à une exploration, alors il faudra peut-être se
demander où elle peut nous mener.
Dans un voyage temporel, un raid à travers son référentiel dans l’histoire de l’art ?
La dimension cinétique, qui transparaît dans les lignes et le mouvement qu’elle imprime au regard, n’y est peut-être pas une destination, une tradition dans laquelle s’inscrirait la
pratique d’Alex Pariss, mais un point de départ : la base d’une relation, d’une interaction, avec celui ou celle qui regarde ces toiles. Pourtant, cette interaction n’est pas uniquement sensorielle, à la manière de celles pensées par les précurseurs de l’Op art, d’Alberto Biasi aux artistes du GRAV comme François Morellet ou Julio Le Parc. Le regard y est poussé à voyager, à dépasser cette seule dimension cinétique et plonger dans d’autres mondes. On pourra dire, alors, que les toiles d’Alex Pariss produisent avant tout une interaction narrative.
Si elles s’imprègnent de la croyance Memphis dans l’agencement du hasard de l’expérience synthétique et anhistorique du réseau, esthétisée par le courant V a p o r w a v e, les toiles d’Alex Pariss n’invitent peut-être alors qu’à explorer les récits qui siègent en chacun de nous. L’abstraction, les lignes cinétiques, les compositions jouant avec les échelles et les niveaux du regard, deviennent les ressorts d’une sorte de paréidolie qui ferait apparaître non pas les formes mais les fictions.
Un homme de ma génération y verra peut-être une planche hallucinée de Neon Genesis Evangelion, anime mecha et psychanalytique diffusé en 1995, de son prédécesseur Akira
(1982), ou bien le contre-champ d’une scène des adaptations pre-numériques de Dune, qu’elle soit de Lynch ou Jodorowsky. Peut-être ces références sont-elles partagées par l’artiste.
Qu’en sera-t-il pour d’autres ?
Il y a une richesse à se dire que l’on ne pourra répondre à cette question.
À se dire que la rencontre avec une oeuvre d’art, lorsqu’elle rencontre l’intime de notre
mémoire, et devient par là marquante, “individuante”, n’est pas la rencontre d’un absolu,
celui d’une réalité complète de l’oeuvre, avec un autre, un individu unique et interchangeable, mais plutôt la rencontre de singularités : celles qui se font écho entre des parcelles de l’oeuvre, visibles ou non, et des bribes de souvenirs réactivées, de références communes qui s’interpénètrent sans dire un mot.
Ainsi, le disque et les lignes et les courbes sont tout ce que vous voulez bien qu’iels soient, pourvu que vous vouliez bien y voir autre chose.
On the canvas, there is an orange or a cyan or a red disk, which may only be a disk, or may be a sun from another system, or an electron whose charge attracts other particles - invisible to the human eye. Around the disc: fine lines, drawn with a ruler ; curves, acrylic, lumpy, freehand-painted. These lines like this disk might represent an infinitely large scale, or an infinitely small one, a spatial or molecular landscape, or none of these.
The abstraction of Alex Pariss’s paintings invites us to explore, so we may have to ask
ourselves : where might it lead us ?
Into a travel in time, a raid through references in art history ?
The kinetic dimension, which enables the eyes to travel through the painting’s layers, is
perhaps not a destination, a tradition in which Alex Pariss’ practice would be inscribed, but
rather a starting point: the basis of a relationship, an interaction, with the viewer. However, this interaction is not only sensory, in the manner of those thought by the precursors of Op art, from Alberto Biasi to the GRAV artists like François Morellet or Julio Le Parc. The viewer’s gaze is invited to travel, to go beyond this only kinetic dimension and to dive into other worlds. We may then consider that Alex Pariss’ paintings generate narrative interactions.
These paintings are somehow tinted with Memphis’ belief in the agency of chance, the
synthetic and anhistorical experience of the network, aestheticized by the V a p o r w a v e
trend. But Alex Pariss perhaps only invites us to explore the narratives that lie within each of us.
Abstraction, kinetic lines, compositions playing with scales and levels of the gaze, become the springs of a kind of pareidolia of fictions, rather than forms.
A man of my generation may see in them a hallucinated panel of Neon Genesis Evangelion, a mecha and psychoanalytical anime broadcast in 1995, of its predecessor Akira (1982), or the countershot of a scene of the pre-digital adaptations of Dune, whether it is by Lynch or Jodorowsky. These references might also be shared by the artist.
What about others?
There is some richness in saying that we might not be able to answer this question.
To say that the encounter with an artwork, when it meets the intimacy of our memory,
becomes «individuating». Such encounter is not the meeting of two absolutes - an absolute
reality of the artwork, with a unique and interchangeable individual - but rather the meeting of two singularities: those which echo between fragments of the work, visible or not, and snippets of reactivated memories, of common references which interpenetrate without saying a word.
Thus, the disk and the lines and the curves are all that you want them to be, as long as you
are willing to see something else.
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Interview between Chiara Roncchini of CRAC Gallery and Alex Pariss for La Francia in Scena, ed. 2022Terni, Italia - 11/2022
CR : J'ai choisi Horizon comme titre de cette édition de Gemallarte 2022, pour nous rappeler l'importance et le pouvoir de cette ligne imperceptible suspendue entre le visible et l'invisible qui contient tout ce qui est imaginable et inimaginable dans l'univers. Être capable d'aller au-delà est la clé de tout. Même de notre existence. Alex Pariss, a franchi cette ligne, a franchi l'horizon, imaginant une réalité où un soleil pair peut se lever sous un pont. Chacun peut voir n'importe quoi dans ces sphères parfaites et belles, mais leur signification dépasse toute conception possible. L'artiste a donné un autre soleil, une autre possibilité, à un monde qui, très souvent, n'y arrive pas. Lorsqu'Alex et moi sommes passés sous le pont où la fresque a été réalisée, nous avons réalisé à quel point les lieux qui deviennent synonymes d'une existence parfois abandonnée et laissée de côté méritent l'attention. Mettre un peu de lumière, ici aussi, signifie bien plus que mettre un peu de couleur. La fresque de Pariss suscite l'espoir et trace des lignes pour de nouveaux horizons. Et je veux espérer qu'à travers l'art, cela aussi est possible.
Alex, grâce à ton travail d'aujourd'hui, notre ville a un autre soleil. Un autre soleil, cela signifie une autre possibilité, de nouveaux horizons sont possibles, cela n'a été possible que grâce au pouvoir de l'art. Quelle est l'importance de ce travail pour vous ?
AP : Le Soleil est un astre extrêmement représenté dans toutes les civilisations. Il est l'un des grands symboles de la vie sur terre. Amènant prospérité, chaleur et bien-être, sa puissance est tel qu'il est dans beaucoup de cultures adulé au même titre qu'une divinité. Sa présence dans nos esprits est unique car il est l'une des sources de notre création sur cette planète. Sans lumière, la vie sur terre n'existerai pas. Aussi, sa forme elliptique joue un rôle important dans mon approche esthétique car directement lié à la symbolique du "Cercle" et donc de l'unité, de l'harmonie, exercant une réelle fascination sur l'imaginaire et apparaît comme une figure universelle de contemplation et de méditation. Intégrer cet élément abstrait dans l'architecture de la cité, lieu de rencontre des citoyens, est à mon sens une démarche faite pour parler à l'inconscient du publique. Le Soleil/le Cercle a cette force de pouvoir rassembler les esprits avec sérénité.
CR : Travailler à ciel ouvert est un dialogue qui s'adresse à tous, le spectateur est libre d'apprécier l'œuvre par lui-même, en toute autonomie, contrairement à l'intérieur d'un musée ou d'une galerie, les images acquièrent une valeur universelle, c'est là que réside la force de l'art urbain, quelle importance revêt cet élément pour vous ?
AP : Je me suis beaucoup posé la question de ce que l'art urbain pouvait apporter de plus dans le monde de l'art en général et je me suis fait cette analyse qu'il avait cette capacité de s'inscrire où il veut, quand il veut, sans réel contrainte. Cela va peut-être déplaire à certains car il y a matière à réflexion en effet, mais j'ai l'intuition que l'art urbain est devenu plus qu'un simple mouvement, pour moi il est le support ultime et universel pouvant accueillir tous médiums et mouvements artistiques, aujourd'hui il est plus question de "contexte" et "d'espace" que de démarche artistique comme fut le cas du graffiti dans les années 80. L'art urbain se veut libertaire et démocratique, ce qui engendre naturellement l'apparition d'artistes de tout horizon, des plus amateurs aux plus confirmés. Il est un vecteur, une passerelle entre un publique non averti et des arts plus élitistes, enseigne aux habitants à éprouver de l'intérêt pour les arts visuels et la culture en général.
CR : Nous qui travaillons dans le monde de l'art avons une tâche très importante. La nôtre est une véritable mission. La culture est une nécessité première dans la vie de tout être humain. Je ne peux pas m'en passer, je ne pourrais jamais vivre sans et je travaille avec détermination pour que chaque personne puisse apprendre à être émue par la richesse de l'art. Votre travail, en plus d'avoir une valeur esthétique, a une valeur éthique, vous avez réussi à laisser un message important, et c'est ce qui compte. Aucune personne passant devant votre œuvre ne pourra rester indifférente, et savoir que tout passant peut s'arrêter ne serait-ce qu'une seconde pour observer et réfléchir, m'excite. Merci Alex
AP : Merci Chiara pour ton enthousiasme et ton investissement. L'art et la culture n'ont pas de frontières et nous permettent d'ouvrir des portes allant au-delà du simple divertissement. Ils attisent la curiosité de chacun, développent les sens et affinent notre réflexion pour une compréhension plus juste du monde. Promouvoir la culture sous toutes ses formes ne peut qu'apporter du renouveau dans nos valeurs, nos mentalités, nos moeurs, des fois dépassées par les évènements.
CR: I chose Horizon as the title of this edition of Gemallarte 2022, to remind us of the importance and power of that imperceptible line suspended between the visible and the invisible that contains everything imaginable and unimaginable in the universe. Being able to go beyond is the key to everything. Even our existence. Alex Pariss, crossed that line, crossed the horizon, imagining a reality where an even sun can rise under a bridge. Anyone can see anything in these perfect and beautiful spheres, but their meaning is beyond any possible conception. The artist has given another sun, another possibility, to a world that very often fails to do so. When Alex and I passed under the bridge where the fresco was created, we realized how much attention should be paid to places that become synonymous with an existence that is sometimes abandoned and left aside. Putting a little light, here too, means much more than putting a little color. Pariss' mural inspires hope and draws lines for new horizons. And I want to hope that through art, this too is possible.
Alex, thanks to your work today, our city has another sun. Another sun means another possibility, new horizons are possible, this was only possible through the power of art. What is the importance of this work for you?
AP: The Sun is a star extremely represented in all civilizations. It is one of the great symbols of life on earth. Bringing prosperity, warmth and well-being, its power is such that it is in many cultures adulated as a deity. Its presence in our minds is unique because it is one of the sources of our creation on this planet. Without light, life on earth would not exist. Also, its elliptical shape plays an important role in my aesthetic approach because it is directly linked to the symbolism of the "Circle" and therefore of unity, of harmony, exerting a real fascination on the imagination and appears as a universal figure of contemplation and meditation. Integrating this abstract element in the architecture of the city, the meeting place of the citizens, is in my opinion a step made to speak to the unconscious of the public. The Sun/Circle has the strength to bring people together with serenity.
CR: Working in the open air is a dialogue that addresses everyone, the viewer is free to appreciate the work by himself, in complete autonomy, unlike inside a museum or a gallery, the images acquire a universal value, this is where the strength of urban art lies, how important is this element for you?
AP: I asked myself a lot of questions about what urban art could bring to the art world in general and I made the analysis that it had this capacity to be inscribed where it wants, when it wants, without real constraint. This may displease some people because there is indeed food for thought, but I have the intuition that urban art has become more than a simple movement, for me it is the ultimate and universal support that can accommodate all mediums and artistic movements, today it is more a question of "context" and "space" than of artistic approach as was the case of graffiti in the 80s. Urban art wants to be libertarian and democratic, which naturally generates the appearance of artists of all horizons, from the most amateur to the most confirmed. It is a vector, a bridge between an uninformed public and more elitist arts, teaching the inhabitants to feel interest for visual arts and culture in general.
CR: We who work in the art world have a very important task. Ours is a real mission. Culture is a primary necessity in the life of every human being. I cannot do without it, I could never live without it and I work with determination so that each person can learn to be moved by the richness of art. Your work, in addition to having an aesthetic value, has an ethical value, you have managed to leave an important message, and that is what counts. No one passing in front of your work will be able to remain indifferent, and knowing that any passer-by can stop even for a second to observe and reflect, excites me. Thank you Alex.
AP: Thank you Chiara for your enthusiasm and your investment. Art and culture have no boundaries and allow us to open doors beyond mere entertainment. They arouse our curiosity, develop our senses and refine our thinking for a better understanding of the world. Promoting culture in all its forms can only bring renewal in our values, our mentalities, our morals, sometimes overtaken by events.
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Podcasts Studio VisitParis, France - 07/2022
Un été avec Alex Pariss (French version)